L'Archange SAINT MICHEL
Protecteur de PROCIDA

La statue de Procida (à droite) a été réalisée en 1727 par les frères AVELLINO, célèbres argentiers napolitains, selon le dessin de VACCARO. Au cours des siècles, elle a été modifiée et enrichie avec des ex-voto d'or et des pièces précieuses que les habitants de l'île avaient donné pour échapper aux dangers (épidémie, tremblement de terre, etc.).

 

Les origines à Procida | Mers-el-Kébir | La Ciotat
Classement au Patrimoine Culturel Immatériel | Aujourd'hui à Menton

Les autres statues de Saint-Michel



Les origines à Procida...


La petite île de Procida (4 km2, Alt. 27m, 10500 hab.) se trouve en la baie de Naples dans le prolongement des champs Phlégréens entre le Cap Misène et Ischia. C’est sur les hauteurs de l’île, à Terra Murata, que se trouve l’abbaye San Michele Arcangelo. La partie la plus ancienne de l’édifice, sans trace visible aujourd’hui date de 1026. En ce même endroit a été érigé un lieu de culte dédié à Sant’Angelo. A l’origine l’abbaye fut un monastère de bénédictins dédié à San Michele. Quand ils quittèrent l’île, l’abbaye fut sécularisée et cédée aux ecclésiastiques. La situation de l’île favorisa les incursions et les attaques par la mer et fut souvent dévastée par les pirates.

Le 8 mai 1535 au moment de l’abordage de l’île par le corsaire Barberousse, amiral de Soliman le Turc, la population de l’île réfugiée dans l’église, priait. C’est alors que, selon la légende, l’Archange Saint Michel est apparu au-dessus de l’Abbaye étincelant, lançant des éclairs de feu. Pris de peur les corsaires s’enfuirent précipitamment. Cette fois l’île ne sera pas pillée et il n’y aura pas de captifs.

En 1581, le cardinal Innico d’Avalos d’Aragona fonda la confrérie des Bianchi, il accorda à ses membres le privilège de porter la statue de Saint Michel et de prendre part au lavement des pieds le Jeudi Saint.

En 1637, le curé Giovanni Antonio De Iorio, avec le consentement de l’Abbé Commandeur Cardinal Aldobrandini accorde à la confrérie Immacolata Concezione une grande salle et deux petites à l’usage d’oratoire, avec vue sur mer, sous la sacristie de l’église paroissiale. La décision du 22 janvier 1637 énonçait une clause : le Curé, Francesco Scotto de feu Marco (préfet), Francesco Giacomo Lubrano de Marano (1er assistant) et Francesco Scotto di Apollonia (secrétaire de la congrégation) devaient offrir en septembre à Saint Michel une livre de cire en signe d’obédience à l’Abbé. Cette Congrégation est dite des Turchini.

La dernière confrérie fut créée en 1745 par le prélat Alfonso Marie de Liguori. C’est la confrérie des Rossi dont les membres sont recrutés parmi les tailleurs, les cordonniers, les menuisiers, les artisans et les commerçants.

Depuis ce temps les procidiens commémorent cet événement avec grande ferveur le 8 mai, jour de l’apparition, par une cérémonie religieuse et une grande procession rassemblant toute l’île. De même le 29 septembre pour la Saint-Michel la statue est portée pour une bénédiction de la mer. Sur le parcours de la procession la population de l’île décore les rues. On peut voir ci et là un décor de fleurs, des tentures posées sur les balcons. Le défilé se fait d’une manière ordonnée. A l’avant se trouvent les enfants cœurs, le curé, la fanfare, la chorale, le saint est au centre, porté et entouré par les Turchini, Bianchi et Rossi, puis suivent les autorités et enfin les fidèles. Des chants sont entonnés, les arrêts sont prévus devant les reposoirs et les églises.

Dès le milieu du XIXème siècle, on constate le début d’une migration importante en Afrique du Nord. Des aventuriers, pêcheurs et ouvriers, s’exilent en Algérie en faveur de la colonisation française. Il faut dire que les marins de Procida, s’y aventuraient déjà pour pêcher sur les côtes. On s’exile aussi vers la France (ports de Méditerranée) et ensuite vers l’Amérique. Très religieux, sur leur lieu d’exil, les procidiens n’oublieront pas leurs coutumes. C’est pourquoi des fêtes de Saint Michel, protecteur de leur île natale, seront célébrées dans certains lieux où ils s’installèrent...
 

Mers-el-Kébir


Saint-Michel
de Mers-el-Kébir

L'église

Le village sous le fort 1886

C’est en 1846, par ordonnance royale que le village de pêcheurs se constitue à la suite de concessions attribuées à 22 familles, dont celles de 12 marins espagnols. Les habitations se concentrent dans l’ancien village de pêcheur situé à l’abri sous le fort. Les premiers napolitains arrivent entre 1847 et 1852, à la faveur de la colonisation et d’une situation devenue plus sûre. En effet, les procidiens venaient déjà sur les côtes africaines pour la saison de pêche malgré les attaques de pirates. Une petite chapelle, dédiée à la vierge des marins, nôtre Dame du Bon Secours, est installée dans un entrepôt sur le port. Le culte fut officiellement célébré jusqu’en 1879. Cet endroit étant trop exigu une nouvelle église va se bâtir dans le nouveau village de Saint André en 1874.

En 1862, une confrérie est créée, et officiellement reconnue en 1878 par le clergé. Elle est à l’image des Turchini de Procida (chaperon bleu). Le statut est rédigé en italien. Afin de vénérer leur Saint Patron une statue de Saint Michel a été commandée en Italie. Elle fût réalisée en 1883 à Naples et animera cette fête dès son arrivée dans le village. C’est ainsi que va se perpétuer cette coutume venant de l’ile de Procida.

En septembre pour la Saint Michel, le village s’anime pour cette fête. Les rues sont pavoisées, des reposoirs sont installés à divers endroits du village sur le passage de la procession. On se dirige vers l’église pour la messe de 10h. Dans l’église pendant la messe des chants sont entonnés comme « A toi notre reconnaissance » (italiano ), en l’honneur de Saint Michel. On y vient d’Oran et des villages alentours. L’après-midi, quand les vêpres se terminent l’imposante statue du saint patron est portée par 4 hommes et plus pour les manoeuvres. Ils sont habillés de fradelle (robe blanche et mosette bleu ciel). Il faut dire qu’elle est lourde. Le socle est en bois, mais la statue est dorée d’or et d’argent. La procession sillonne le village, la statue est précédée des « Enfants de Marie » vêtus de blanc encadrés par les dévouées sœurs de Marie Auxiliatrice. Des chants sont entonnés, le curé et les officiels suivent, puis la foule. La procession se dirige vers le port de pêche pour la bénédiction de la mer et des bateaux. Face à la mer, la statue est soulevée vers le ciel. La procession passe aussi par le quartier Plateau Saint Michel, avant de rejoindre l’église.

En 1962, la France abandonne l’Algérie, c’est l’exode le village se dépeuple. On y fête encore la Saint Michel. Certains pêcheurs rejoignent la France en bateau en faisant du cabotage via le Maroc et l’Espagne. Selon les accords d’Evian l’armée française devait garder la Base Navale de Mers-el-Kébir pendant 15 ans après l’indépendance. Les accords furent rompus et c’est en juillet 1967 qu’on annonça le retrait définitif de l’armée dans la zone de Kébir. Mr Henri Mongrenier, alors militaire se chargea du rapatriement de la statue St Michel vers la France. Le curé de l’époque favorable à ce projet, Mr Mongrenier et Antoine Soccoia (prieur) demandèrent audience à l’évêque d’Oran Mgr Lacaste qui accèda à leur demande. Mr Mongrenier contacta son chef de corps, qui l’autorisa à entreprendre les formalités de rapatriement.

La dernière procession a eu lieu fin septembre 1967. Le dimanche 3 décembre, la messe de départ est célébrée, la statue est exposée dans la nef. Les derniers fidèles se rassemblent, beaucoup de militaires, les différents groupes de religieuses, des paroissiens d’Oran, et les ultimes familles kébiriennes : Riccio, Soccoja, Gallardo, Sellito, Costagliola, Abad, Richarté et le prieur Antoine Soccoia et son épouse. Sept prêtres officient dont trois de Kébir. Le lendemain, avant de rejoindre le camp militaire, la statue est déposée à l’air libre sur un camion de l’armée. Escortée de quelques militaires, la statue est portée en procession une dernière fois dans les rues de la ville avant d'être embarquée sur le cargo « Sainte Hélène » qui largue les amarres en mettant le Cap sur Marseille.

Informations complémentaires :

Un site sur le village de Mers-el-Kébir a été créé par François Beltra. Ce site est très complet. Les grandes lignes traitées sont : La nostalgie, les photos, aujourd’hui, des informations diverses et la généalogie. C’est un vrai journal qui relate les faits historiques et actuels. http://www.merselkebir.org/ 

Les Editions Hachette ont publié une série « A Travers le Monde ». En 1904, on trouve un article sur les pêcheurs de Mers-el-Kébir [Gallica - article 1904].

En 1937, un article est paru dans la revue mensuelle « L’Algérie Catholique ». Il relate l’histoire de la paroisse. [Gallica - article 1930].


La Ciotat


Saint-Michel
de Mers-el-Kébir rénové

L'église du port

En janvier 1968, un groupe de kébiriens se rendent au camp de Sainte Marthe pour réceptionner la statue. On l’exposera dans l’église paroissiale de la Ciotat pour quelques mois, le curé ayant donné son accord pour l’accueil.

Chaque année fin septembre, et depuis l’arrivée de la statue, la fête de Saint Michel se célèbre à la Ciotat, une ville située à l’est de Marseille. Cette cérémonie est organisée par la confrérie Saint Michel de Mers-el-Kébir. C’est à cette occasion que de nombreux fidèles Kébiriens et autres, venus de toute la France, se réunissent, perpétuant cette manifestation à l’époque très réputée dans toute l’Oranie.

Pour cette journée, la statue de Saint Michel sort de sa discrète réserve pour être transférée à l’Eglise de la Ciotat. Durant la messe, une chorale se forme naturellement par les voix des nombreux Kébiriens, le cœur et le corps imprégnés par leur chant jusqu'à la perfection. A l’issue de la cérémonie, une procession suit la statue, portée par des hommes habillés de fradelle, comme le veut la tradition. Arrivé dans les locaux de l’ancien patronage, où des tables sont disposées dans la cour pour cette occasion, chacun s’installe avec son repas « sorti du sac ». Les discussions vont bon train dans la joie et la bonne humeur, on échange des nouvelles entre amis. Le grand plaisir des retrouvailles autour d’un verre, des spécialités culinaires d’Oranie (anisette, frita, mantécaos, roïcos, etc…) donne encore plus de piment à la fête. Cette réunion se termine par les vêpres célébrées dans la chapelle. On chante à capella, et en canon (voix de femme et voix d’homme) avant de se dire au revoir...

Pendant un certain temps et tous les 2 ans, à l’occasion de la fête de Saint Michel à Procida, le 8 mai, la Confrérie Saint Michel de Mers-el-Kébir organise un voyage sur l’île de Procida pour se joindre et participer à cérémonie en communion avec les procidiens.

En 1978, on fêta le centenaire de la confrérie. A 10h30, l’église est archicomble. Mgr Etcheggaray, Archevêque de Marseille, Mgr Lacaste ancien Evêque d’Oran, Mgr Lecat Evêque du diocèse, et de nombreux curés sont présents. Parmi ces curés, le chamoine Roche (anciens curé de Mers-el-Kébir, et plusieurs abbés natifs de Mers-el-Kebir (Henri Julien, Maximilien Scotto, Michel et Antoine Balzamo, Peruffo, Schiano).

En 1998, c’est le 30ème anniversaire du rassemblement en terre provençale. A cette occasion, la fête du 27 septembre est sous la présidence de Madame le Maire de La Ciotat. Le Consul Général d’Italie à Marseille sera présent. Une délégation de procidiens se déplacera à la Ciotat accompagné de l’association culturelle « Amici della Musica » composé d’un groupe de musicien qui jouera dans la cours de l’Oeuvre de la Jeunesse. De même la veille la délégation est reçue par l’adjoint Maire de la ville : Mr Lubrano. L’orchestre jouera aussi en ville et sera très applaudi.

La statue commence à se dégrader, il est décidé de faire appel aux dons pour entamer une restauration. En 2009, deux devis sont demandés à Frédéric Faut, doreur ornemaniste, spécialiste de restaurations religieuses à Marseille (restauration de Saint Michel = 8950 Euros, restauration du socle en bois = 8250 Euros). Les travaux sont prévus sur deux ans. En octobre 2010, la statue est transportée à l’atelier de Monsieur Faut à Marseille. Un travail minutieux attend le restaurateur. De nombreuses difficultés de réalisation seront surmontées.

Le 25 septembre 2011, les Kébiriens redécouvrent leur Saint Michel dans toute sa splendeur, mais le socle n’étant pas encore réalisé, il faudra encore attendre une année environ avant de le voir entièrement restauré. Monsieur Faut était présent lors de cette fête. Il raconte qu’il a beaucoup aimé travailler sur cette statue, qu’elle a demandé 500 heures de travail, le double de ce qui était prévu.

On sait alors qu’elle a été réalisée en 1880 par le napolitain Michele PANE, le poinçon faisant foi, sans doute découvert par le restaurateur.

En mai 2012, on fêta le 50ème anniversaire de l’exode des français d’Algérie. Cette cérémonie a eu lieu à la Cathédrale La Major de Marseille. Des statues de Notre Dame d’Afrique (Alger), Notre Dame de Santa Cruz (Oran) et la bannière de Saint Augustin embarquèrent pour une cérémonie de la bénédiction de la mer. Au retour s’organisa une procession à laquelle la statue de Saint Michel de Mers-el-Kébir prit place. Le cortège se dirigea vers la Cathédrale La Major pour une messe qui se termina par une cérémonie de "Transmission de la Mémoire".

Au fil des ans les habitués du rassemblement de la Saint Michel se raréfient. Beaucoup disparaissent, il ne reste plus que la dernière génération à avoir connu cette fête. La Statue est amenée à L’église Notre Dame de l'Assomption, mais à l’issue la cérémonie il n’y a pas toujours de procession. Elle est transportée à l'Oeuvre de la Jeunesse Rue Michelet. Tantôt il y a des travaux en ville, on invoque aussi la sécurité : les raisons restent floues. Un évènement va précipiter la fin des rassemblements dans cette ville, c’est le décès en janvier 2017 du président de l’association de la Confrérie Saint Michel : Henri Mongrenier. Son neveu, Lucien Pugliese est alors nommé Président.

Le dernier rassemblement à La Ciotat a eu lieu le 23 septembre 2018. A cette occasion une plaquette commémorative a été réalisée par Sophie Colliex.


Classement de la Fête de Saint-Michel au Patrimoine Culturel Immatériel en France

En mars 2010, l’Association « La Grande Famille de Procida & Ischia » a été contacté par Chiara Bortolotto du Ministère de la Culture pour mener une enquête sur la fête de Saint Michel à La Ciotat. Elle se déplace donc à notre permanence d'Alfortville où a lieu l’entrevue avec Pascal Scotto di Vettimo, Président de l'Association et Henri Scotto di Vettimo, Membre du Conseil d'Administration.

D’autres personnes sont interviewées ensuite : Henri Mongrenier, Président de l’association « Confrérie Saint Michel de Mers-el-Kébir » et Lucien Pugliese en septembre 2009 à La Ciotat.

Le but de cette mission est de mettre en valeur la coutume de cette fête dont l’origine est à Procida et qui s’est exportée avec les pêcheurs qui on émigré à Mers-el-Kébir au XIXème siècle. De même après l’indépendance de l’Algérie et le transfert de la statue à La Ciotat, cette fête a pu se perpétuer en France.

Plusieurs années s’écoulent, et ce n’est qu’en début d’année 2019, que l’Association apprend que cette fête est classée au Patrimoine Culturel Immatériel en France.


Aujourd'hui à Menton


Saint-Michel de Menton

La Basilique Saint-Michel

Le 25 septembre 2018, la statue de Saint-Michel de Mers-el-Kébir a rejoint Menton, à l’initiative d’Antoine Soccoia, un ancien Kébirien résidant à Menton.

Le 30 septembre, elle participa à la procession habituelle de Menton. A la fin de la messe solennelle, les deux statues participaient à la procession, avec en tête la statue mentonnaise, patron de la ville, suivie de celle de Mers-el-Kébir portée par les Fratelli. Un groupe de personne était présent pour l’accueillir sur le parvis de la basilique, dont Mr le Maire de Menton et Lucien Pugliese.

Elle est désormais installée au coeur de la Basilique, non loin de son confrère mentonnais.


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