
Annie-Claire
SCHERLE-PAPADOPOULO
L'arbre
Albano di Spaccone

Cet article est paru
en juillet 2004 sur le Web et en octobre 2004 dans
ProcidaOggi
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- Annie-Claire nous raconte son histoire de déracinée...
Toute mon enfance a été nourrie
par les histoires, que me racontait ma mère, des légendes à faire
délicieusement frémir les petits enfants dans leur lit et que lui avait
racontées autrefois sa grand-mère italienne. Le souvenir de cette
arrière grand-mère était la trace infime de l' histoire familiale dont
je n’ai pu vraiment connaître la réalité que ces dernières années à
travers mes recherches. Tout ce que j’avais pu obtenir de ma famille
était un nom "Albano di Spaccone",
un nom qui résonnait bizarrement et me faisait fantasmer sur une
possible origine noble… de la région de Naples m’avait-on dit aussi…
C'est la préretraite qui m’a propulsée
directement dans des recherches généalogiques déjà amorcées depuis
quelques années mais toujours remises à plus tard. Persuadée qu’il me
serait très difficile de remonter la branche italienne, j’ai commencé
par l’autre branche, paternelle, alsacienne cent pour cent, passionnante
et qui m’a fait remonter de leur arrivée aventureuse en Algérie en 1854
à la Suisse alémanique d’où était partie la famille en 1640, et puis
suivre la trace jusqu’en 1580 à Lucerne.
Et puis, de nouveau cette obligation
ardente de retrouver le fil de l’histoire italienne. Google a fonctionné
très fort : les archives d'Outre Mer, les archives de Nantes, tous les
sites et associations "pieds noirs", puisque l’Algérie était mon pays,
tous ont été mis à contribution et petit à petit, la pelote s’est
déroulée…

Mon arrière-grand-mère, italienne, Rose
Philomène Albano di Spaccone, épouse d’un certain Gennaro
Felletta, lui aussi napolitain importé en Algérie, mais surtout
fille d’un certain Antonio et d’une Filomena Lubrano… et je cherche à nouveau… nés à Procida…
C’est quoi ça, Procida ??? Et miracle, un site émerge,
sur Procida, justement…
Ça alors, on y trouve des registres de mariages, de baptêmes, numérisés,
impeccablement classés, le rêve de tout généalogiste, incroyable quand
on connaît la difficulté des recherches en Italie ! Et Procida, c’est
dans la Baie de Naples, une petite île, qui a l’air très belle… Et une
association "La Grande Famille de Procida" qui m’aide à remonter
les pistes, petit à petit, au fil des dépouillements. Et je retrouve
Antonio, mon arrière-grand-père, un marin aventureux lui aussi,
comme beaucoup de ses compatriotes, débarqué dans les années 1860 à
Philippeville, une des villes de prédilection des émigrés procidiens en
Algérie et puis ses parents et puis tous ses ancêtres nés et morts à
Procida… Jusqu’à Giulio Cesare, marié en 1662, premier de la
liste, pour l’instant. Mais la piste continue bien au-delà ! Et voilà
déjà un bon quart de moi même ainsi reconstitué. Et au passage, la
découverte d’un cousinage, inattendu, au début du 18ème siècle, avec un
autre fan de Procida ! Ma moitié alsacienne et mon quart italien enfin
rassurés, avec des racines bien implantées, profondément dans les terres
alémaniques et procidiennes qui dament le pion à mon quart pur gaulois
issu d’un aventurier grenoblois, débarqué lui aussi avec femme et
enfants en Algérie en 1854…
Pour une déracinée totale, n’ayant eu
aucune tombe à fleurir, aucune terre d’origine à réclamer, c’est pas
mal, vraiment pas mal… et cela fait un bien fou !
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René BARONE
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- René nous explique comment il a retrouvé ses racines...

Dans notre famille, nous avons toujours été
fascinés par l'histoire que nous racontait notre père concernant nos
origines. Nos grands-parents, que nous n'avons jamais connus (ils sont
décédés en 1927 et 1936), avaient quitté Procida, avec d'autres membres
de leurs familles, pour les Amériques. Au cour du voyage notre
grand-mère, Maria Carmela Scotto di Carlo, est tombée malade.
Était-elle enceinte de notre père ? Ils ont donc débarqué à Marseille où
ils ont ensuite trouvé du travail et se sont installés.
Le reste de la famille s'est installé à
Brooklyn, New York et ils ont continué à écrire à nos grands-parents.
Malheureusement lors du bombardement de Marseille, en 1944, les lettres
que gardait mon père ont été détruites, coupant tous liens possibles
avec nos cousins.
Originaires de Procida, nous aurions aimé
mieux connaître nos racines et notre histoire, mais pour cela il aurait fallu aller sur
cette petite île, consulter des archives alors que nous ne parlons pas
italien, aussi cela restait un vague souhait. J'avais déjà tenté de
faire quelques recherches, mais sans grand succès... Certes j'avais vu
qu'il y avait là-bas des Barone et des Scotto di Carlo.
Mais il devait y en avoir beaucoup ! Je n'avais pas insisté.
Le temps a passé puis mon père est décédé
en mars de cette année. Le soir de son enterrement j'ai interrogé
Internet avec ces mots clés : "Barone Procida" et là, miracle !
Je découvre un site : "La Grande Famille de Procida".
Une courte recherche sur Raffaele Barone et Maria Carmela
Scotto di Carlo me renvoie à l'acte de mariage de mes
grands-parents que je n'ai jamais connus et dont je n'ai que deux
photos. Et nouvelle coïncidence, le lendemain se tenaient à Marseille
des journées de généalogie où était présent Pascal Scotto di Vettimo, le
président de l'association "La Grande Famille de Procida". Nous
avons adhéré à l'association et en quelques semaines nous avons pu
retrouver une grande partie de nos ancêtres, et par la même occasion
trouver une lointaine cousine ! |