Pasquale LIMA di
A.G.P. di Napoli
par Danielle LIMA-BOUTIN
J’ai mis trois mois pour traduire mes impressions au retour de notre
voyage à PROCIDA et ISCHIA. J’avais besoin de tout ce temps pour me
remettre de mes émotions et assimiler ces merveilleux moments passés
ensemble. Encore un grand merci à Pascal, Alessandra et sa famille de nous
avoir permis de vivre ces moments fabuleux, chargés d’émotions, de
rencontres et de retrouver les traces de nos ancêtres.
Voyage très important pour moi car je voulais connaître l’histoire de mon
grand-père paternel dont je porte le nom de LIMA et qui avait été
abandonné à la SANTISSIMA ANNUNZIATA di NAPOLI. Aucun de ses enfants
n’avait fait de recherches et mon père n’avait que 4 ans à la mort de son
père à Philippeville. Je portais tout cela en moi et pendant très longtemps
ce grand-père n’avait pas eu d’existence réelle… Je pensais même qu’il était
né en Algérie. Bien plus tard j’apprenais qu’il était né à Naples et donc de
nationalité italienne par sa naissance. Je me suis rendu aux Archives
Nationales à Paris pour rechercher les documents relatifs à sa
naturalisation française. Mais cela ne représentait que des traces écrites
et le nom que je portais n’avait toujours pas de sens pour moi.

Leonardo SCOTTO DI PERTA
en 1957 |
La GRANDE FAMILLE DE PROCIDA &
ISCHIA m’a permise de me « plonger » dans mes racines
italiennes. En effet mon autre grand-père maternel était lui natif
de Procida, Leonardo SCOTTO DI PERTA dont la famille avait
émigré à Philippeville puis à Marseille. Ce grand-père refusait ses
racines italiennes même s’il avait mis du temps à devenir français :
son appartenance à la France était si forte qu’il m’avait induit à
refuser ses origines italiennes.
Accepter de faire partie de la GRANDE FAMILLE DE PROCIDA & ISCHIA me
mettait le pied à l’étrier ; de plus mes grand-mères qui portaient
le nom de
FERRARA étaient elles-aussi originaires de Procida et Ischia.
Voilà pourquoi ce voyage était si important pour moi, pouvoir
marcher sur les traces de mes ancêtres pendant une semaine,
découvrir les lieux où ils vécurent et grandirent pour commencer
enfin à écrire leur histoire qui est aussi la mienne. |

Leonardo SCOTTO DI PERTA
en 1906 |
La visite à la Santissima Annunziata a été
pour moi un moment très fort, chargé d’émotions intenses. J’ai pu découvrir
cette fameuse « ruota
», la roue par lequel mon grand-père était passé. Avec l’aide de Pascal nous
avons arpenté les ruelles de Naples pour nous retrouver devant la plaque
obturée depuis 1875 et par laquelle les enfants abandonnés de Naples étaient
« déposés ». L’église attenante, impressionnante par sa grandeur
retrace en partie l’histoire de la Santissima Annunziata. L’ancien
orphelinat abrite de nos jours un hôpital pour enfants. Nous rentrons dans
la cour pour prendre sur la gauche et dans le hall nous prenons un couloir
sur les murs desquels sont retracés l’histoire de ses enfants abandonnés
avec des documents laissés par des parents qui voulaient malgré tout laisser
des traces (médaille, lettre, ruban…) ainsi que des témoignages d’enfants
abandonnés dont un sculpteur. Nous arrivons enfin dans une petite pièce ou
se trouve l’envers de cette « ruota ». L’émotion a été extrêmement
forte, les larmes, les sanglots ont jaillis sans retenue. C’était comme si
j’avais accumulé depuis toujours ce « poids » et là c’était la
libération avec le sentiment d’avoir accompli une mission ; en revenant sur
les traces de mon grand-père je lui donnais enfin sa place, je le faisais
revivre pour moi et je me donnais une paix intérieure, la sérénité du devoir
accompli. J’ai posé ma main dans cette roue en bois magnifique mais sombre
pour revivre le chemin de tous ces enfants avec un sentiment d’effroi face à
ce trou assez étroit ou seuls les bébés pouvaient passer. Mais pour bons
nombres d’enfants c’étaient aussi une renaissance : ils sont aussi devenus
nos ancêtres prouvant ainsi leur fort désir de vivre. Les religieuses qui
les recueillaient, la plupart du temps au cours de la nuit, prenaient les
enfants les baignaient, changeaient leurs vêtements, les baptisaient et
inscrivaient sur un registre la description sommaire du bébé, de ses
vêtements et voire certains détails laissés par les parents avec une date
approximative de la naissance et parfois son lieu d’origine.
Les archives m’ont appris que mon grand-père
était arrivé le premier ce 4 septembre 1863 à 18 heures, qu’on lui avait
donné le nom de LIMA et le prénom de Pasquale (ses parents ne
laissant aucune information). Les autres enfants déposés ce jour-là ont eux
aussi porté le nom de LIMA. J’ai donc pu retrouver les traces de mon
grand-père et connaître le début de son existence. Il n’est resté qu’un mois
à l’orphelinat pour être confié à une famille avec le nom et l’adresse de
cette famille à Naples. Je ne retrouve sa trace que bien plus tard à
Philippeville. Mais qu’importe j’ai pu ainsi donner du sens à sa naissance.
Le voyage à Procida m’a aussi permis de découvrir le lieu de naissance de
mon autre grand-père, Leonardo SCOTTO DI PERTA, via Marcello Scotti à
Procida, en fait non loin de l’Oratorio où nous avions dégustés avec délice
les spécialités de l’île et en particulier les anchois offerts par les
pêcheurs de la Corricella, un autre signe donné à nos ancêtres pêcheurs.
Ce fut un voyage inoubliable qui va se poursuivre grâce à l’Association et à
nos échanges... en attendant notre prochaine assemblée générale.
Je souhaite à tous les membres de la GRANDE FAMILLE mes meilleurs vœux et
que l’année 2006 soit aussi riche et précieuse sur les traces de nos
ancêtres.
Amicalement à vous tous,
Danielle LIMA-BOUTIN,
Membre Actif
N° 040037,
dannyboutin@yahoo.fr
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